L’expatriation, c’est avant tout un grand projet à deux, un saut vers l’inconnu et une aventure pleine de promesses. Lorsque deux partenaires décident de s’installer à l’étranger, ils s’engagent ensemble dans ce défi, et ce projet commun peut, dans un premier temps, renforcer leur lien. Les études montrent que cette première phase d’expatriation soude le couple : on rêve ensemble, on s’enthousiasme ensemble. Et quand cette aventure porte le nom de New York, avec son énergie unique et ses possibilités infinies, l’excitation est à son comble.
Mais cette aventure, à l’image de la construction d’une maison, n’est pas exempte de défis. Au début, il y a cette belle vision commune, remplie d’espoirs et de désirs partagés. On se projette dans une nouvelle vie, un nouveau chez-soi. Puis, viennent les réalités concrètes : les recherches d’appartement, les démarches administratives, les ajustements à la culture locale… Autant d’éléments qui, comme les travaux d’une maison, peuvent engendrer des tensions, des compromis, et parfois même des conflits. Entre les attentes idéalisées et la réalité du quotidien, un écart peut se creuser, créant ainsi de véritables tensions au sein du couple.
Le rôle du « Conjoint Suiveur » : un défi invisible
Dans bien des cas, l’expatriation signifie que l’un des partenaires suit l’autre, endossant le rôle de « conjoint suiveur ». Et dans 90% des situations, ce sont les femmes qui se retrouvent dans ce rôle. L’un des partenaires plonge tête baissée dans un nouveau projet professionnel, mettant toute son énergie dans son travail. Pendant ce temps, le conjoint suiveur investit son temps à recréer un foyer : trouver un logement, inscrire les enfants à l’école, gérer les formalités administratives, tisser des liens sociaux… Une fois que tout est en place, ce conjoint peut enfin penser à lui-même. Cependant, ce « tunnel » d’adaptation est souvent mal vécu et peut générer un sentiment d’isolement profond.
Pendant que l’un des partenaires s’épanouit dans son environnement professionnel, l’autre peut ressentir un décalage, un fossé qui se creuse jour après jour. Imaginez : l’un rentre épuisé de sa journée, désireux de silence, tandis que l’autre, ayant passé la journée seule, cherche désespérément un échange. Cette dynamique peut fragiliser l’équilibre du couple, transformant ce qui était au départ un projet commun en une source de frustrations et de malentendus.
Trouver sa place : une quête personnelle et collective
Alors, comment chacun peut-il trouver sa place et écrire son propre chapitre dans cette ville trépidante qu’est New York ? Après avoir exploré les quartiers emblématiques, visité les musées et découvert les dernières expositions, la vraie question demeure : comment s’ancrer dans cette nouvelle vie ?
La question que l’on pose souvent aux expatriés, « Que fais-tu dans la vie ? », peut devenir un véritable casse-tête pour celui ou celle qui ne travaille pas encore. Dans une société qui valorise tant le « faire » et le statut professionnel, ne pas avoir de réponse claire à cette question peut être source de perte d’estime de soi. Si notre valeur est mesurée par ce que l’on « vaut sur le marché », alors que reste-t-il lorsque l’on ne travaille pas ?
Redéfinir l’épanouissement : au-delà du travail
Trouver sa place dans l’expatriation, c’est apprendre à se libérer du regard des autres et à redéfinir ce qui a du sens pour soi. Cela ne passe pas forcément par un emploi rémunéré. Parfois, il s’agit simplement de cultiver des passions, de s’engager dans des projets bénévoles, ou de tisser des relations authentiques. L’essentiel est de trouver une voie qui nous nourrit, car se nourrir soi, c’est aussi nourrir son couple.
Cette période de transition peut être déstabilisante, mais elle offre aussi une opportunité unique : celle de rebattre les cartes. Les repères changent, mais cela peut aussi signifier la possibilité de redéfinir les bases de votre couple. C’est l’occasion de réécrire votre histoire à deux, d’explorer de nouveaux territoires émotionnels, et de redécouvrir ce que signifie être ensemble dans un contexte différent.
Le pouvoir du renouveau : une invitation à la réinvention
L’expatriation peut ainsi être perçue comme un terrain fertile pour la transformation. Oui, il y a des moments d’inconfort et des déséquilibres, mais il y a aussi la beauté de tout recommencer, de créer un nouveau « nous ». Et cette fois, c’est à vous de décider des règles du jeu.
Alors, au lieu de vous perdre dans la comparaison avec ce que vous aviez auparavant, pourquoi ne pas saisir cette opportunité pour réinventer votre vie, à votre façon ? Vous êtes aux commandes, et c’est une chance unique de construire une nouvelle version de vous-même, aussi bien individuellement qu’en tant que couple.
Cyrielle Augier Sexothérapeute & Thérapeute de couple